La prévention des accidents de pétroliers
La France, qui voit passer chaque année près de ses côtes environ 300 millions de tonnes d'hydrocarbures transportés par voie maritime, a vu son littoral gravement pollué à plusieurs reprises à la suite d'accidents de pétroliers : 100 000 tonnes en provenance du " Torrey Canyon " en 1967, 220 000 tonnes suite au naufrage de " l'Amoco Cadiz " en 1978, 7 000 tonnes après la rupture de la coque du " Tanio " en 1980. Après ces accidents, des dispositifs de séparation du trafic ont été mis en place en Manche et la France s'est dotée de remorqueurs de forte puissance prêts à intervenir à tout moment, constamment en état d'alerte à Brest et à Cherbourg.Le trafic maritime étant par nature international, c'est à ce niveau qu'il faut agir en premier lieu, au sein de l'instance compétente que constitue l'Organisation Maritime Internationale (OMI). La France a contribué activement à la mise en vigueur de la Convention internationale pour la prévention de la pollution par les navires, dite Convention MARPOL, entrée en vigueur en 1983 et à ses amendements successifs.La Convention MARPOL a été efficace puisque, de 1981 à 1989, les déversements en mer d'hydrocarbures dus aux navires sont passés de 1,47 millions de tonnes à 570 000 tonnes, ne représentant plus que 12 % des rejets en mer, dont la majeure partie est d'origine tellurique. Pour ne citer que les évolutions récentes :
A la suite du naufrage du pétrolier ERIKA, en décembre 1999, le gouvernement a adressé le 15 février 2000 aux organisations internationales compétentes (Organisation maritime internationale, FIPOL et Union européenne), trois mémorandum qui développent une approche globale pour un renforcement de la sécurité maritime. L'approche française est fondée sur trois principes :
L'action soutenue de la France, au niveau international, a permis d'engager rapidement des négociations avec nos partenaires et a fait prendre conscience de l'urgence d'un renforcement de la sécurité des transports maritimes.Suite au mémorandum français, la Commission européenne a présenté en février 2000 un " premier paquet " de mesures comprenant deux directives, l'une sur le renforcement des contrôles des sociétés de classification, l'autre sur le renforcement du contrôle des navires dans les ports, et un règlement prévoyant une accélération du calendrier d'élimination des pétroliers à simple coque. Lors du Conseil de décembre dernier, Madame de Palacio, commissaire européenne en charge des questions de transports, s'est félicitée de la finalisation de ce que l'on appelle communément le "paquet Erika I".Ainsi, moins de deux ans après, les propositions de la Commission qui se sont largement inspirées du mémorandum français, à savoir les textes relatifs au contrôle par l'Etat du port, aux sociétés de classification et à l'introduction accélérée des pétroliers double coque, ont été adoptés. Ils devraient être prochainement publiés au Journal officiel des Communautés européennes.Le 8 décembre 2000, la commission européenne a présenté un " deuxième paquet " de mesures constituées :
Ces mesures, soutenues par la France, ont été largement discutées et amendées en groupe de travail depuis le début de l'année 2001. Certaines d'entre-elles ont fait l'objet d'un accord politique au conseil de décembre 2001 et seront soumises en deuxième lecture au Parlement européen.Décidé conjointement par la commission européenne et les autorités françaises, le site Internet Equasis a été lancé avec succès le 23 mai 2000 dans les locaux de l'OMI. Ce système d'information, collectant auprès de sources publiques et privées des données sur la sécurité des navires, a été conçu comme un outil permettant une meilleure sélection des navires et, donc, une réduction de l'utilisation des navires sous-normes.L'Organisation Maritime Internationale, pour ce qui la concerne, a répondu favorablement à la demande de la France de faire avancer rapidement ses propositions. Un certain nombre de mesures préconisées ont d'ores et déjà été adoptées :
Suite aux amendements apportés en décembre 2003 à la convention Marpol, qui entreront en vigueur le 05/04/2005, un règlement communautaire (règlement n°2172/2004 du 17/12/2004) modifie le règlement relatif à l'introduction accélérée des prescriptions en matière de double coque qui repose sur les définitions et les normes énoncées dans la convention Marpol.
Les références à l'annexe I de la convention Marpol figurant dans le règlement (CE) n° 417/2002 sont mises à jour par suite de ces amendements »Le dispositif retenu conduit à faire sortir de flotte les navires pétroliers à simple coque les plus anciens construits avant 1982 et de fort tonnage (supérieur à 20 000 tonnes de port en lourd) selon un calendrier d'élimination qui prend fin en 2005 et d'organiser de manière similaire le retrait de ce même type de pétroliers, construits entre 1982 et 1996 avec une date finale d'élimination fixée en 2010.Sous réserve de contrôles renforcés menées par des sociétés spécialisées et sous la supervision expresse des administrations maritimes, certains de ces navires pourront être prolongés pour les 1er jusqu'à 2 ans, pour les 2nd jusqu'à 5 ans.Pour les navires de plus faibles tonnages pour lesquels aucun dispositif n'était jusqu'alors applicable, le calendrier limite leur durée d'exploitation à 2015 au plus tard.Ce dispositif s'applique de manière globale à l'ensemble des navires pétroliers de la flotte mondiale.Le plafond d'indemnisation du FIPOL a été porté de 1,2 à 1,8 milliards de francs par application du mécanisme interne à la convention ; une renégociation de cette dernière est envisagée pour aller au-delà et permettre l'indemnisation des dommages à l'environnement. Il est clair que les travaux de l'Union européenne sur l'indemnisation seront un motif d'avancées au niveau mondial.
Pour en savoir + :
Du point de vue de la réglementation relative à la sécurité des navires, elle est essentiellement basée sur l’arrêté du 23 novembre 1987 (en application du décret 84-810 du 30 août 1984) modifié par l’ arrêté du 30
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