💬 Articles les plus lues
  • Le diagramme d'Ishikawa 274 573 Fois
  • Le logigramme 256 111 Fois
  • Le QQOQCP 200 491 Fois
  • Méthodes HAZOP et What if 123 005 Fois
  • Le diagramme de PARETO 114 385 Fois
  • L'arbre de défaillance 98 975 Fois
  • Méthode d’analyse de risques MOSAR 92 482 Fois
  • Le vote pondéré 88 875 Fois
  • La matrice de compatibilité 73 299 Fois
  • L'arbre des causes 72 435 Fois

  • 🗺 Carte membres
    Index /  Divers / Citations

    Citations et gestion de crise (extrait du site de P. Lagadec) -

    (7056 mots dans ce texte ) -  lu : 19933 Fois


    Citations extraites du site de Patrick Lagadec


    1. Mémoires

    "Ne jugez pas les gens en fonction du nombre de bonnes réponses,
    de solutions assurées tous risques et prêtes à l'emploi qu'ils vous livrent ;
    soyez bien plus attentif aux deux ou trois questions qui, en dépit des confusions et erreurs alentour, vous ouvriront des regards neufs sur le monde."

    D'après Peter Schwartz : The Art of the long view 48


    Inquiétude radicale au bord du gouffre



    Winston Churchill
    "N'y avait-il pas déjà eu des précédents ? Athènes avait dû se soumettre à Sparte et les Carthaginois avaient opposé à Rome une résistance sans espoir. Il n'est pas rare dans les annales du passé que des Etats courageux, fiers et insouciants, et même des races entières aient été balayées de telle façon que leur nom seul ait survécu, quand il n'a pas été lui-même enseveli dans l'oubli. Pourtant, je ne pouvais m'empêcher de penser qu'il y avait plus de 2000 ans que les Anglais n'avaient pas vu les feux de bivouacs étrangers s'allumer sur la terre britannique." 49


    Détermination



    Winston Churchill
    "Qui peut affirmer que la cause de la civilisation elle-même ne sera pas défendue par l'adresse et le dévouement de quelques milliers d'aviateurs ? Dans toute l'Histoire des guerres de ce monde, je ne pense pas qu'une pareille occasion ait jamais été offerte à la jeunesse. Les Chevaliers de la Table Ronde et les Croisés s'évanouissent dans un passé non seulement lointain, mais prosaïque, quand on les compare à ces jeunes gens qui s'élèvent chaque matin dans le ciel pour défendre leur sol natal et tout ce que représente leur pays, tenant entre leurs mains des instruments d'une puissance immense et fulgurante, ces jeunes gens dont on peut dire :
    Le soleil chaque jour enfantait l'aventure,
    l'aventure enfantait un chevalier sans peur
    méritent notre reconnaissance, […]. Never was so much owed to so few…" 50

    Winston Churchill
    Benoist-Méchin : "Sa volonté est comparable à celle d'un William Pitt qui, torturé par la goutte, les membres enveloppés de pansements et marchant sur des béquilles, trouvait encore la force de répondre à un amiral qui lui affirmait que ce qu'il lui demandait était impossible : "-Monsieur, regardez-moi ! Je marche sur des impossibilités !"" 51

    Winston Churchill
    "I have, myself, full confidence that if all do their duty, if nothing is neglected, and if the best arrangements are made, as they are being made, we shall prove ourselves once again able to defend our Island home, to ride out the storm of war, and to outlive the menace of tyranny, if necessary for years, if necessary alone. At any rate, that is what we are going to try to do.
    That is the resolve of His Majesty's Government-every man of them.
    That is the will of Parliament and the nation. […] Even though large tracts of Europe and many old and famous States have fallen or may fall into the grip of the Gestapo and all the odious apparatus of Nazi rule, we shall not flag or fail. We shall go on to the end, we shall fight in France, we shall fight on the seas and oceans, we shall fight with growing confidence and growing strength in the air, we shall defend our Island, whatever the cost may be, we shall fight on the beaches, we shall fight on the landing grounds, we shall fight in the fields and in the streets, we shall fight in the hills ; we shall never surrender, and even if, which I do not for a moment believe, this Island or a large part of it were subjugated and starving, then our Empire beyond the seas, armed and guarded by the British Fleet, would carry on the struggle, until, in God's good time, the New World, with all its power and might, steps forth to the rescue and the liberation of the old." 52



    Erreur de représentation



    Christophe Colomb arrive en Asie
    "Observateur minutieux de la mer et des vents, Colomb restera pourtant, quant au terme de son voyage, prisonnier de ses rêves. Il est résolu à trouver partout la preuve qu'il est bel et bien parvenu aux confins de l'Asie. La botanique, champ nouveau aux images non encore vulgarisées par l'imprimerie, devint son domaine d'élection. A peine a-t-il posé le pied sur la côte nord de Cuba qu'il y découvre partout la flore asiatique. Un arbuste à la vague odeur de cannelle devient aussitôt un cannelier, promesse de cargaisons entières d'épices. Le gombo des Indes occidentales, affirme-t-il, doit être l'équivalent asiatique du lentisque des régions méditerranéennes. Une petite noix non comestible, le nogal de pais, devient un peu hâtivement la noix de coco décrite par Marco Polo. Le médecin du bord, examinant les racines découvertes par l'équipage, décrète obligeamment qu'il s'agit de rhubarbe de Chine, fort appréciée comme purgatif (ce n'était que de la vulgaire rhubarbe des jardins). Mais tant de fausses odeurs finissaient curieusement par créer les authentiques parfums d'Orient.
    Il n'en fallait pas plus, dans l'esprit de Colomb, pour confirmer la justesse de ses thèses." 53



    Positionnement, posture



    Maurice Grimaud, Mai 1968
    "Voyant la tournure que prenaient les événements, et sachant dès lors que tout pouvait arriver, j'adoptai par-devers moi une règle de conduite qui m'aida grandement à traverser les semaines suivantes.
    Je savais qu'il fallait sortir de ce chaos sans perdre pied. Je n'avais pas souhaité être préfet de police, mais puisque j'étais à ce poste, il n'était pas question que j'abandonne les affaires de l'Etat à la rue, c'est-à-dire à l'émeute. J'étais là sur une ligne ferme et solide dont me rassura la simple évidence dès que je l'eus formulée.
    L'autre terme de mon problème, c'était d'éviter que les désordres ne débouchent sur quelque drame sanglant. Autant que le sentiment, c'était la raison qui me dictait ce langage, car je savais que si un soir nous avions à relever, sur le sol jonché de débris de cageots brûlés et d'arbres tronçonnés, les dizaines de morts d'une fusillade, cela risquait d'être le signal d'une aventure dont nul ne pouvait prévoir l'issue.
    Je tenais solidement les deux bouts de la chaîne, et ma conduite fut inspirée par cette double conviction. Si elle ne me préserva jamais totalement de l'angoisse, elle me donna, vis-à-vis des péripéties mineures de cette traversée, une précieuse sérénité." 54


    Fins de crise



    Maurice Grimaud, Mai 1968
    "Dans le feu de l'action, nous n'avions pas vraiment redouté, mes collaborateurs et moi, de voir les insurgés prendre le pouvoir. Je fus plus troublé, passé le péril, de constater combien le pouvoir, lui, paraissait pressé d'effacer jusqu'au souvenir de ces événements qui avaient tant effrayés, tout un long mois, gouvernants et gouvernés. Ne fallait-il pas rappeler à ces hommes oublieux que l'on n'a pas toujours la chance de recevoir les avertissements du destin ? ". (p. 11)
    Et puis, je voyais avec peine, comme Mai s'éloignait, s'installer le mépris et l'arrogance sur les débris de la peur. […] J'aurais aimé un triomphe plus modeste, une foule aussi nombreuse mais silencieuse et méditant sur ce moment étrange où le destin de la France était, comme plus d'une fois dans son histoire, en suspens entre des espérances contradictoires. L'ordre, certes, allait revenir, et c'était bien, mais il ne fallait pas que soient étouffées les voix qui avaient pendante trente jours appelé à la naissance d'un monde plus juste, moins oppressifs. La France de l'ordre ne devait pas fermer ses oreilles aux cris de sa jeunesse, sinon tout recommencerait un jour…" 55



    48/ D'après Peter Schwartz : The Art of the long view - Planning for the future in an uncertain world, Doubleday, New-York, 1991, p. 83.
    49/ In Benoist-Méchin : Soixante jours qui ébranlèrent l'Occident - 10 mai-10 juillet 1940, Bouquins, Robert Laffont, 1956, p. 804-805.
    50/ Idem
    51/ Idem
    52/ The speeches of Winston Churchill, Penguin Books, London, 1990, p.165.
    53/ Daniel Boorstin : Les découvreurs, Laffont, Bouquins, 1988, p. 206.
    54/ Maurice Grimaud : En mai, fais ce qu'il te plaît, Stock, Paris 1977, p. 135-136.
    55/ Maurice Grimaud : En mai, fais ce qu'il te plaît, Stock, Paris 1977, p. 322-323.



    2. Fictions

    Évitement bureaucratique acharné


    Albert Camus : La Peste
    "Le lendemain, grâce à une insistance jugée déplacée, Rieux obtenait la convocation à la préfecture d'une commission sanitaire. […] "La question, dit brutalement le vieux Castel, est de savoir s'il s'agit de la peste ou non." Richard déclara qu'à son avis, il ne fallait pas céder à l'affolement […] Le vieux Castel [...] fit remarquer qu'il savait très bien que c'était la peste, mais que, bien entendu, le reconnaître officiellement obligerait à prendre des mesures impitoyables. Il savait que c'était, au fond, ce qui faisait reculer ses confrères et, partant, il voulait bien admettre pour leur tranquillité que ce ne fût pas la peste. […]
    Rieux […] : il importe peu que vous l'appeliez peste ou fièvre de croissance. Il importe seulement que vous l'empêchiez de tuer la moitié de la ville. Richard trouvait qu'il ne fallait rien pousser au noir et que la contagion d'ailleurs n'était pas prouvée puisque les parents de ses malades étaient encore indemnes. Mais d'autres sont morts, fit remarquer Rieux. […] Il ne s'agit pas de rien pousser au noir. Il s'agit de prendre des précautions.
    Richard, cependant, pensait résumer la situation en rappelant que pour arrêter cette maladie, si elle ne s'arrêtait pas d'elle-même, il fallait appliquer les graves mesures de prophylaxie prévues par la loi; que, pour ce faire, il fallait reconnaître officiellement qu'il s'agissait de la peste ; que la certitude n'était pas absolue à cet égard et qu'en conséquence, cela demandait réflexion. La question, insista Rieux, n'est pas de savoir si les mesures prévues par la loi sont graves mais si elles sont nécessaires pour empêcher la moitié de la ville d'être tuée. Le reste est affaire d'administration et, justement, nos institutions ont prévu un préfet pour régler ces questions.
    - Sans doute, dit le préfet, mais j'ai besoin que vous reconnaissiez officiellement qu'il s'agit d'une épidémie de peste.
    - Si nous ne le reconnaissons pas, dit Rieux, elle risque quand même de tuer la moitié de la ville. […]
    Richard hésita et regarda Rieux : "Sincèrement, dites-moi votre pensée, avez-vous la certitude qu'il s'agit de la peste?"
    - Vous posez mal le problème. Ce n'est pas une question de vocabulaire, c'est une question de temps."
     56


    Aveuglement déterminé


    Dino Buzzati, Le Désert des Tartares
    Dans leur fort, face au désert, deux officiers ont perçu, grâce à une longue vue non réglementaire, l'étrange manège de l'ennemi, qui ne peut que laisser présager une attaque par le nord. Personne n'attend pareille attaque, personne ne veut y croire. Cette occurrence est exclue des plans d'état-major. Inopportune, elle doit être impossible à étayer. La hiérarchie réagit.
    "L'hiver était descendu depuis plusieurs jours déjà sur le fort quand on lut, sur la décision quotidienne affichée dans son petit cadre, une étrange communication.
    "Faux bruits et regrettable agitation", était-il écrit. "Suivant les instructions précises du commandement supérieur, j'invite les sous-officiers, gradés et hommes de troupe à n'accorder aucun crédit à des bruits dénués de tout fondement concernant des menaces présumées d'agression contre nos frontières ; je les invite en outre à ne pas répéter et à s'abstenir de répandre, de quelque façon que ce soit, lesdits bruits. Ces bruits, outre qu'ils sont inopportuns pour de simples raisons de discipline, sont susceptibles de troubler les bons rapports entretenus avec l'Etat voisin, et de provoquer chez les hommes une nervosité inutile, nuisible à la bonne marche du service. Je désire que la surveillance effectuée par les sentinelles le soit avec des moyens normaux, et que, surtout, il ne soit pas fait recours à l'usage d'instruments d'optique d'un modèle non réglementaire, et qui, souvent employés sans discernement, prêtent facilement à l'erreur et aux fausses interprétations. Quiconque est en possession de tels instruments devra en faire la déclaration à son commandant de compagnie, lequel se chargera de confisquer lesdits instruments et de les garder.""

    La condamnation qui prend le pas sur
    la reconnaissance des actes positifs



    William Shakespeare, Henry VIII
    "Men's evil manners live in brass; their virtues we write in water." 58

    [Adaptation aux problèmes qui se posent si l'on refuse le retour d'expérience :
    "Difficultés et erreurs se gravent dans le bronze ;
    les réussites se meurent dans les mémoires, comme l'eau du ruisseau se perd dans l'océan"]

    La volonté déterminée


    André Costa, L'appel du 17 juin (fiction)
    ""Français, Françaises. Le sort douloureux qui accable la France m'a placé à la tête du pays, non seulement afin de soulager ses souffrances mais aussi pour sauvegarder la dignité nationale. J'ai demandé à l'adversaire d'interrompre la lutte armée et de placer la controverse sur le plan humanitaire de la négociation diplomatique. La délégation française, animée par le Général de Gaulle, a malheureusement trouvé en face d'elle un ennemi acharné à réduire la Nation et les conditions contraignantes qu'on voulait nous imposer ont été repoussées avec indignation.
    En conséquence, Français, Françaises, la guerre continue…"
    Philippe Pétain
    Maréchal de France
    Chef du Gouvernement." 59



    Adieu beautés formelles, bonjour le bricolage stratégique


    André Costa, L'appel du 17 juin (fiction)
    "La discussion, puis l'étude technique du projet durèrent quarante huit heures. […] La hardiesse de l'opération combinée effarouchait quelque peu le maréchal Pétain, mais il était séduit par le dynamisme tranquille du général de Hauteclocque. Faisant du regard le tour de ses interlocuteurs, le vieux soldat soupira :
    - "Si je comprends bien, vous aspirez à devenir les spécialistes du bricolage stratégique ?"
    Le général de Gaulle se redressa sur sa chaise :
    - "Monsieur le Maréchal, il semblerait que ce type d'action ait été jusqu'à présent favorable à nos armes… Au reste, une victoire bricolée me paraît préférable à n'importe quelle défaite bien pensée !"" 60



    56/ Albert Camus : La Peste, Gallimard, Livre de Poche, n°132, 1947, extraits, p. 41-43.
    57/ Dino Buzzati : Le Désert des Tartares, Laffont, Livre de Poche, 1980, p. 195.
    58/ William Shakespeare : Henry VIII, Act 2, Scene 2.
    59/ André Costa : L'Appel du 17 juin, JC Lattès, Paris, 1980, p. 49;
    60/ André Costa : L'Appel du 17 juin, JC Lattès, Paris, 1980, p. 282.

    Autres publications de la sous-rubrique6

    🔍 (Google)
    Code du travail